mercredi 4 juin 2008

Valloni, un Léopard de Dolisie à Paris



« La photographie congolaise aujourd'hui »
du 10 mai au 6 juin à Paris

Pointe-Noire, littoral du Congo-Brazza...
Voilà le morceau que la vie offre parfois, à qui en veut.

Ce pays – vous ne le connaissez peut-être pas – est aussi délirant de végétation endogène et sauvage, que bigarré, terrible et vibrant, à tout moment. Les rires aux larmes sont les gâteaux de chaque instant de la rue. Quand on a plus 100 Cfa en poche pour se payer un manioc ou un pain chaud, les pieds dégueu ou les sandales cassées d’avoir passé des kilos de boue sous les semelles, on va chercher au fond du ventre ces grandes gorgées de rires. On s’aime dès le premier regard et il suffit de remarquer quelle est la texture de la peau, sentir comme les mains se cherchent d’instinct et se laisser embarquer au quartier Mbota dès 19h la nuit noire, pour que le fond du regard change et se charge. De lumière outrageusement vive, de poussière dense et humide.

Première percussion, le feu du léopard dans ma face : la rencontre de Valloni. On était allés boire des Ngok’ au nganda Yves, sur mercredi, l’avenue cachée derrière le grand marché. Évidemment on s’est tout de suite entendus sur le goût de la boisson : la Ngok’ (croco en kikongo), c’est la seule bière qui soit un pur produit du pays, la meilleure en somme pour son mordant et sa légèreté. Mais attention keba ! Même le malafu (la boisson) est au Congo une histoire de clan. Ceux qui boivent la Primus affirment qu’ils ont moins la tête en fuite les lendemains de cuite, c’est-à-dire environ chaque soir. Et donc à 500 Cfa (0,80 €) les 70 cl. on invite bôkou, et bôkou même on va se soulager – au fond à gauche…

Valloni est un grand photographe. Et une force de la nature avec cela, ahaaa... À lui seul il cristallise un regard intense sur les corps, devenus élémentaires, et claque sur le papier le fond de l’âme en vie malgré les pleurs en pleine nuit, le débordement sonore de nos villes, oscillant entre soleil de midi et minuscules étoiles des échoppes perdues dans le noir, la quête d'un flot de vie dans l'innommable bordel des jours de pluie. Ce papa-là, il vous prend dans ses grandes mains le temps d’une rumba, et souffle sous vos ailes quoi... Son univers est vibrant comme ses chants, Allez ! un bon vieux Mercure de Ferré Gola, à vous faire chavirer tout un quartier, avec ses perles de suée et ses miroirs de stars, à perte de vue...

Le 28 mai 2008, Valloni a fêté les 18 ans du Toxico, son éternel ami, sa brêle... Ya Vallo, pour fêter ces heures de joie-là, j'aurais bien fait pêter le casier de Ngok’ avec toi !

Exposition

« La photographie congolaise aujourd'hui »

Galerie Marassa Trois
89 bis rue de Charenton
75012 Paris
Tel 01 46 28 57 53

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