lundi 9 juin 2008

Faim en Avignon







« L'homme est excès de matière solaire, avec une ombre de libre-arbitre comme dard. » (René Char, Dans l'atelier du poète)


La compagnie La Faille présente Faim au festival OFF d'Avignon, un spectacle mis en scène par Wilhelm Queyras et interprété par Thomas Daviaud, d’après le roman éponyme de Knut Hamsun, prix Nobel de littérature en 1920.

Faim raconte les tribulations tragi-comiques d’un vagabond dans les rues d’Oslo. Entre poésie et burlesque, existentialisme et dérision, son passé est énigmatique, son avenir est à écrire.

Musique & violon : Vincent Longelin
Décor & costumes : Theresa Meixner
Lumières : Magali Décoret

Théâtre du Funambule
12 rue Plaisance
84000 Avignon
+33 (0)9 54 14 69 29

du 11 au 30 juillet 2008 à 00h15
(relâches les 17 et 24 juillet)

Synopsis
On ne sait presque rien de l'anti-héro de cette chronique. Affamé et bientôt sans logis, avec pour seul bagage un crayon, une couverture empruntée et quelques babioles, il erre dans les rues d'Oslo de la fin du XIXe siècle et tente désespérément de briser l'engrenage de sa déchéance.
La faim exacerbe sa sensibilité, débride graduellement son imagination et le plonge dans des états toujours plus proches de la folie. Tel un pantin à la dérive dont les fils sectionnés s'emmêleraient perpétuellement, notre homme s'invente des mots, des destinées et des identités. Dans sa solitude, il se parle, s'invective, s'accable, s'encourage, sombre dans l'autodérision, s'en prend tour à tour à Dieu, au destin et à toute la création...
Enchaînant rencontres absurdes, situations cocasses, aussi sordides que comiques, et dialogues intérieurs phantasmatiques, il se démène comme un diable pour sortir de sa misère et finit par s'embarquer dans un paquebot pour l'Angleterre.
On ne peut qu'imaginer ce qu'il est devenu.

Pourquoi Faim ?
L'homme est un être vivant complexe. Ses actes ne reflètent pas toujours ses pensées et ses sentiments sont souvent contradictoires. Il est, parfois, à son grand désarroi, le champ de bataille où se confrontent désirs, besoins, aspirations, sensations, pensées aux influences et aux origines les plus diverses. Il ne tient qu'à lui de comprendre ce qui détermine ses choix de vie et ce qui conditionne sa manière d'être, afin de créer consciemment et le plus librement possible, au fil de sa vie, sa propre personnalité et son propre chemin.
Notre culture actuelle, par une volonté insidieusement réglée de standardiser les comportements, les opinions et les expériences, favorise et accentue ce phénomène de recul devant les gouffres insondés de l'âme. Se connaître soi-même, comme connaître l'autre, est un passage à travers le vide, un espace d'effroi et de solitude, où les aspects les plus mystérieux de l'humain ne sont intelligibles qu'au ressenti.

Mise en scène
L'odeur de ses haillons, sa vieille couverture et tout ce qu'il a gardé du passé nous parvienent comme des preuves, des trophées, des symboles de sa victoire sur son destin et sur Dieu.
Car « Dieu n'a pas réussi à le faire chuter, son plan a échoué. »
Le décor, enserré un peu comme une boîte, sur à peine trois mètres de large, est celui de son monde intérieur, de l'ambiguïté de ses souvenirs, c'est le lieu de son introspection.
Ces souffrances passées, ces histoires drôles ou absurdes qui s'enchaînent les unes aux autres, toutes sorties d'un esprit déréglé par la faim, révèlent alors le côté dérisoire et misérable de sa situation. La dérision et la douleur, en coexistant, forment en effet un drôle de mélange qui nous laisse perplexe.
La faim, devenue poésie, vécue avec dérision au cœur de l'expérience d'un homme, nous touche et nous amène à porter un regard nouveau sur les questions existentielles les plus simples.

Knut Hamsun (4 août 1859, Garmo – 19 février 1952, Norhølm) est le nom de plume de Knut Pedersen, écrivain norvégien.
Hamsun mène une vie turbulente et vagabonde, et se rend par deux fois en Amérique où il travaille comme terrassier, vendeur, conducteur de tramway, ouvrier... À l'automne 1888, il publie anonymement dans un magazine danois un récit semi-autobiographique intitulé Faim, qui se fait remarquer par l'originalité de son contenu et sa forme obsédante. Le livre, publié en 1890, marquera sa percée littéraire. Au tournant du siècle, Hamsun n'écrit plus de romans centrés sur un personnage principal, et se consacre à des œuvres d'une ampleur sociale et historique plus vaste. Il publie en 1917 Les Fruits de la terre, qui lui vaudra trois ans plus tard le prix Nobel de littérature.

L'ambivalence, la complexité, voire l'incohérence du com-portement humain trouve avec Knut Hamsun une impres-sionnante traduction littéraire. Son influence sur la littérature américaine et européenne de ce siècle ne fait aucun doute. L'aspect révolutionnaire d'œuvres telles que Faim et Mystères réside avant tout dans leur contribution à une nouvelle connaissance de l'homme par sa compréhension des méandres de notre psychologie. Pour la première fois, l'homme moderne, angoissé et réifié fait irruption dans le roman...

« Le langage doit couvrir toutes les gammes de la musique. Le poète doit toujours, dans toutes les situations, trouver le mot qui vibre, qui me parle, qui peut blesser mon âme jusqu'au sanglot par sa précision. Le verbe peut se métamorphoser en couleur, en son, en odeur ; c'est à l'artiste de l'employer pour faire mouche [...]. Il faut se rouler dans les mots, s'en repaître ; Il faut connaître la force directe, mais aussi secrète du Verbe. [...] Il existe des cordes à haute et basse résonance, et il existe des harmoniques... » (Article, 1886)




La Faille
Hameau de Bagnols
26170 Montauban-sur-l’Ouvèze
contact@lafaille.org
http://www.lafaille.org/

La compagnie La Faille s'est donné pour objectif de promouvoir une recherche artistique s'articulant sur des problématiques sociales, écologiques et spirituelles de notre époque, par la création de spectacles, de médiations culturelles et d'activités socio-pédagogiques.


Textes, coordination & diffusion
Thomas Daviaud 06 74 86 12 51

2 commentaires:

Tom Sawyer a dit…

coucou Massala,
génial ce que tu as fait! c'est vraiment super, merci beaucoup! je n'ai pas encore parcouru tout le reste du blog, mais ce quej'ai deja regardé me plait beaucoup,c'est beau et interessant à la fois! un petit detail: les textes ne sont pas de wilhelm mais de moi! ( iln'a ecrit que " mise en scène" et encore je l'ai entièrement remodelé, complété et arrangé) gros bisous, tom tom dans le lointain

* amande a dit…

jéjé buho mio, c'est toi qui pose la première graine ! tes talents pour cultiver sont l'une de mes sources d'inspiration...
très beau texte, je le redis.
et bientôt un abrazo en vrai !