lundi 21 juillet 2008

Inventer un non-lieu









« Les pauvres, boucs émissaires de tous les maux majeurs du pays, sont désormais sommés de se prendre en charge sous peine de se voir infliger une volée de mesures punitives et vexatoires destinées, sinon à les ramener sur le droit chemin de l’emploi précaire, du moins à minorer leurs exigences sociales. »
Loïc Wacquant, Punir les pauvres,
Agone, 2004.


La compagnie La Faille présente Faim au festival OFF d'Avignon, un spectacle mis en scène par Wilhelm Queyras et interprété par Thomas Daviaud, d’après le roman éponyme de Knut Hamsun, prix Nobel de littérature en 1920.

Musique & violon : Vincent Longelin
Décor & costumes : Theresa Meixner
Lumières : Sarah Caquant


Faim est le voyage intérieur d’un intellectuel errant dans les rues d’Oslo. Écrit à la fin du XIXe siècle, ce texte est incroyable d'actualité. Métrique mouvement d’ascension, graduelle descente de la sphère sociale aux ténèbres d’une vie sans attaches. Bruissement grinçant du souffle d’un homme de la Terre, devenu sans-logis comme l’orage arrache ses feuilles à l’arbre esseulé au cœur de la forêt.
Le violon qui l’accompagne est son dernier lien avec le cosmos, un garde-fou qui le maintient à la surface du globe comme l’écorce du chêne, et l’empêche de sombrer.
Cet homme pourtant, jamais ne s’incline devant l’adversité, mais laisse progressivement naître toute l'animosité envers ses semblables que ses forces de survie lui permettent. Cette sensation, qui progresse lentement comme un ver dans le corps d’un être sensible, est une permanente négociation de l’homme avec l’univers et son destin.
Une métaphore surnaturelle pointe : l’homme invente un non-lieu absurde où il devient un chien, avili mais vivant. Il renie sa vie affective et évoque l’insoutenable étrangeté que tout être humain rencontre sur son chemin et qui l’amène à transgresser les lois de l’humanité.
Sur la base d'un texte d'une grande modernité, Thomas Daviaud et Wilhelm Queyras entreprennent un travail considérable de recheche scénographique, mise en scène et jeu de l'acteur, qui laisse grandir avec une immense dextérité, le mouvement débordant et intègre de son flux intérieur.

du 11 au 30 juillet à 00h15
tarif unique : 5 €

Théâtre du Funambule
12 rue Plaisance
84000 Avignon
+33 (0)9 54 14 69 29

3 commentaires:

Unknown a dit…

Salut Amande !
Bravo pour ce blog que je vais suivre avec grand intérêt...

2 autres conseils pour Avignon Off :

>A tous ceux qui de Noëlle Renaude
Mon coup de coeur du festival. Au lendemain de la seconde guerre mondiale, une grosse réunion de famille avec les enfants excités, les jeunes survoltés, les parents un peu perdus, et les aïeuls frappés par les guerres...
Un texte percutant construit comme un mille feuille servis par 6 jeunes comédiens enthousiastes ! A voir d'urgence !

>A Love Supreme
L'auteur congolais Emmanuel Dongala (nouvelle tiré de "Jazz et vin de palme") nous fait revivre le destin du jazzman John Coltrane. Se mélange alors textes et orchestres dans un rythme déchainé.

Bon festival et à bientôt !

* amande a dit…

Matondo Georges !
A tous ceux qui, ok prochaine étape alors...
Je suis allée écouter A love supreme, dont j'ai adoré l'interprétation. Autant de fougue musicale que de convivialité de la part du comédien.
Es-tu là encore quelques jours ?
Bises

siuji a dit…

PARCE QUE T'EN N'AS PAS PARLÉ

' ' ''Borges versus Goya' '' ',

' ' ''Borges versus Goya' '' ', en bus pour le retour, un panneau publicitaire. Il est écrit :
"On peut très bien tomber amoureux sans se faire mal."
à la suite, défile une pub pour Volkswagen.
étonnant non ?
L'an 2000
Acheter une clio, ou acheter un week end avec Peter Sloterdijk, c'est devenu possible.
La critique de la critique accepte aussi les règles du jeu.
Boire un verre de Rioja avec Britney Spears ou avec Peter Sloterdijk, pour 55 899 euros, c'est aussi possible.
En l'an 2000, tout est possible.
Les possibilités sont multiples et démocratiques (à la portée de tous). Mais plutôt crever, ou quoi, être insomniaque, se faire réveiller par le désir de voir Goya à 4h du mat' au Prado après avoir fait les courses (coke).
Provoquer pour exister ou quoi qu'il arrive, les règles du jeu.
Mon fils me demande : comment fait-on du feu. Je lui réponds, je ne sais même pas passer l'aspirateur. L'envoyer à l'école ?
Terrain flottant, racines flottantes.
Je marche dans la rue, bras croisés derrière la tête, je ferme les yeux - soleil sur la peau, membres plus dilatés et respiration - calme - c'est la première fois depuis 3 mois -Qu'est-ce qu'on est bien, seuls ensemble ! la sensation dure 15 minutes. Rendez-vous dans 6 mois.
"T'es expéditive, ma jolie ! Tu t'en sortiras pas......."
"T'analyses les personnes en deux temps trois mouvements, en deux secondes, tu sais à qui tu as affaire......."
Pas le temps, pas le temps, en retard, toujours en retard, JE VEUX PAS ME PRESSER
je suis un escargot-NON-un crapaud...............